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La réalité de l’invisible

Article de Françoise de Céligny paru dans l’Univers des Arts 

C’est avec une implacable lucidité sur les apparences que Michel Lévy regarde la complexité du monde. Forgeant sa propre vision, il transcrit les déchirures et les harmonies humaines dans un geste mêlé d’intransigeance et d’élégance. Partagé, passionné, oscillant sans cesse entre l’ombre et la lumière, il avance dans son art, conscient de la difficulté à révéler l’invisible contenu sous le carcan de la réalité. Ses bronzes expriment une ambiguïté magnifique construite à l’image de l’ambivalence de la nature.

De ses premières attirances vers la médecine, Michel Lévy garde un sens de l’observation et une analyse des corps qui favorise son exploration méthodique de la palpitation du réel. Son œil se fait scalpel, découpe les traits de la souffrance, du désir, de la peine, du plaisir et de toute la gamme des émotions humaines avec la précision d’un chirurgien de l’âme. Ses figures tourmentées témoignent de la tragédie du monde sans perdre la trace d’une espérance indélébile. La facture de ses œuvres transpire une ébullition sensible, intense, entre rêves et pulsions instinctives, laissant un feu sacré surgir de la magie de l’inspiration. Parfois proches du magma originel, parfois ciselés comme des ornements précieux, ses bronzes resplendissent un métier, une sensibilité et une esthétique fascinants. Ses personnages mis à nu, à la fois par la consistance de la matière et par une volonté expressive sans concession, transcrivent une détermination à travailler en osmose avec les forces vives d’une créativité authentique.

Au cours de sa progression artistique, Michel Lévy s’est construit une spiritualité atypique en accord avec ses convictions intérieures volant au dessus des conflits des croyances. C’est par une perception animique des moteurs de l’existence qu’il a façonné les créatures qui peuplent ses pensées et ses œuvres. Les nains, estropiés, oiseaux fantastiques, vierges et autres créatures qui façonnent sa mythologie personnelle, évoquent les multiples métamorphoses de l’inconscient capable de revêtir les formes les plus improbables. L’odyssée sculpturale de Michel Lévy nous entraîne dans les méandres d’une aventure qui parvient à s’élever à la juste « altitude de l’âme » si chère à Antoine de St Exupéry.

Article de Françoise de Céligny
paru dans l’Univers des Arts – Avril 2006

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