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Le Cantique de bronze

Article de Léon Abramowicz ‘Le cantique de bronze’ (L’Arche)

Un homme plié sous l’effort essaie de soulever vers le ciel des pierres pour former une colonne ; la deuxième colonne lui fait face, achevée, ornée, élancée devant un ciel d’orient aux couleurs de rêve. Les lourdes portes de bronze s’ouvrent et laissent apparaître le Chant des Chants dans la pureté de son texte, dans les dialogues radieux et intimes entre l’amant et la fiancée, entre Dieu et le Peuple d’Israël, entre la Jérusalem terrestre et la Jérusalem céleste.

Les mots éclatent sur la beauté, l’amour charnel, la bouche de l’amante, l’huile parfumée qui couvre son corps et son appel à l’amant pour la rejoindre. Gravé dans le bronze, le texte trois fois millénaire du roi Salomon reste toujours neuf dans son extrême exaltation. Celle-ci est chantée par deux personnages aux formes parfaites. A droite la femme, à gauche l’homme, en pleine force de leur désir. En s’approchant, l’on constate que ces personnages puissants, qui semblent déborder de leur cadre en bronze, sont entièrement sculptés en creux. C’est un creux qui forme le sein plein de la femme ; un creux qui forme la musculature de l’homme, leurs têtes, leurs bouches, leurs yeux. Miracle de la sculpture, miracle de l’illusion optique, qui permet de voir des volumes là où le sculpteur joue avec la lumière pour nous offrir le rêve extrême. Tout cela ne fait que souligner l’immatérialité et l’intemporalité du Cantique. Cette œuvre est comme le couronnement de douze années de travail inventif, toujours renouvelé, toujours en progrès, de Michel LEVY….

Léon ABRAMOWICZ
L’Arche

Je voudrais rappeler ici « Le Peuple » et « L’Alliance » qui avaient déjà emporté mon enthousiasme. Le sculpteur exprime aussi son thème préféré de la dualité : le ciel et la terre, l’eau et le feu, la vie et la mort, notamment dans la prophétie d’Ezéchiel…

Un autre thème que Michel LEVY affectionne : figures de nains qui nous symbolisent, nous les hommes. Juchés sur des échasses ou escaladant un compas d’architecte, ils s’élancent vers le ciel. N’est-ce pas l’ambition des bâtisseurs qui lancent vers le firmament leurs gratte-ciel, comme jadis à Babel pour rejoindre Dieu ? Et lorsque l’artiste ou l’architecte se prend pour Dieu, une petite seconde de réflexion sur la brièveté de son passage dans l’éternité, sur sa petitesse par rapport à l’immensité des galaxies, permet de voir que l’homme est vraiment un nain dans l’univers. Il y a aussi là une ménorah, le chandelier à sept branches, orné d’une grande étoile de David, attachée par des cordes et des fils en bronze. Le luminaire évoque une histoire douloureuse, celle de notre Peuple, attaché à ses racines que ces deux symboles incarnent depuis la nuit des temps. Enfin, la sérénité nous revient, avec les merveilleuses formes féminines qui symbolisent les saisons, les pays, l’Europe.

Comment oublierai-je l’émotion que j’avais éprouvée en visitant pour la première fois l’atelier de Michel LEVY, il y a onze ans ?
J’avais prédit alors que cet artiste encore jeune et inconnu allait rapidement devenir une célébrité. Le Temps a donné raison à Michel LEVY, à son œuvre incomparable, dont il nous a permis de voir ici les accomplissements.

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